Le voyageur

Publié le par florelle






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Mutin, le voyageur.

Ce monde était un monde de voyageurs.

Ainsi se déroulait la vie là-bas, visitant contrées sauvages et apprenant de chaque visite et de chaque rencontre.

Mutin était l'un d'entre eux, et il allait de part le monde.

Il s'était construit une grande et belle roulotte.

Il avait passé beaucoup de temps à la rendre confortable et fonctionnelle.

Elle était décorée avec bon goût.

Le cheval qui la tirait avait lui aussi fière allure.

Etrillé de la tête aux pieds, le poil lustré et les sabots brillants, il tirait vaillamment la lourde roulotte, et ses muscles puissants semblaient se jouer du poids de son pesant fardeau.

Il était aussi très joliment harnaché, le front cerclé de dorures et bardé de pompons.

Quel attelage, et quel panache ! Mutin était fier et se sentait fort, alors il ajoutait sans cesse d'autres atours et d'autres améliorations à sa roulotte et au cheval.

Le fardeau s'alourdissait mais Mutin n'en tenait aucun compte, il avait bien trop de plaisir et son cheval tirait toujours vaillamment sa confortable roulotte.

Il entendait bien parfois les commentaires des autres voyageurs ou des grands mages qui prêchaient tous les inconvénients d'avoir une roulotte trop lourde, de céder aux avantages du confort au dépend du voyage, etc...

Certains jours, il y pensait, il se disait qu'il devrait alléger sa roulotte, même au prix d'un peu de confort, mais très vite, sa pensée fuyait vers des horizons plus confortables comme par exemple, son prochain grand voyage.

Un jour pourtant, il dut se rendre à l'évidence ; dans les côtes, son cheval commençait à souffrir, et, peu à peu, il ralentissait.

Sa tête, qu'il portait habituellement si haute, tombait en s'affaissant sur ses épaules alourdies par l'effort. Lorsqu'il se fit doubler par un mulet, il prit conscience que ce phénomène risquait bien d'être irréversible et même de s'aggraver.

Il se rendit compte qu'il fallait vraiment réagir.

Mais, comment ? Abandonner sa roulotte au profit d'une plus légère, plus petite ?

NON !

Changer de cheval ?

IMPOSSIBLE !

Ne plus rouler, s'installer quelque part ?

NON ! NON ! NON !

Il se sentait complètement coincé, acculé.

Il décide alors un break de 3 jours en compagnie d'autres gens qui eux aussi cherchaient le repos.

Là, il pourrait réfléchir.

Autour d'un feu, le premier soir, il se mit à regarder les autres roulottes.

Il était surpris de ce qu'il voyait.

Près de lui s'était installé une famille avec des enfants en bas age.

La jeune mère paraissait fatiguée et lasse.

A y regarder de plus prés, il compris mieux, il était évident que cette jeune femme tirait le diable par la queue.

Elle manquait de tout, courait d'un enfant à l'autre pour apaiser, consoler, rassurer, expliquer, tout en faisant la cuisine dans des vieilles gamelles à peine dignes de ce nom.

Notre voyageur possédait, lui, toute une série de casseroles rutilantes, et tout naturellement, il en fit don à cette maman qui l'avait ému.

- Je vois bien que c'est difficile, dit-il en tendant son cadeau, commencez donc par utiliser ces ustensiles, ils vous rendront bien service, et franchement, moi, ils m'encombrent !

Le sourire qu'elle lui rendit et les cris de joie des enfants le paya largement de son grand cœur. En marchant tranquillement le soir, avant de se coucher, il vit un peu plus loin un âne bien mal en point.

Au début il le crut malade, il était maigre et décharné, l'encolure basse, l'œil éteint.

En l'observant, il s'aperçut que l'animal était surtout mal alimenté.

Il lui apporta un peu plus tard, la moitié de la ration d'avoine qu'il gardait pour son cheval.

Le lendemain, il se sépara de ses barrières ;

Elle faisait partie de sa roulotte depuis longtemps et en faisait un peu le charme, surtout depuis qu'il les avait sculptées et peintes.

Mais elles ne lui étaient pas très utiles, juste pour la décoration.

Alors quand il vit une des roulottes du camp, habitée par une famille tellement nombreuse qu'une partie de ses membres dormait sur le toit, il les leur céda sans regret, ne serait-ce que pour passer une nuit complète sans se demander lequel des jeunes gars, finirait par tomber, plus ou moins poussé par ses frères ou cousins !

Au bout de quelques jours, il se décida à reprendre la route.

Son cheval avait bonne mine et lui-même se sentait mieux.

Il se délesta donc encore de quelques objets, qui pourtant lui avait semblés importants à un moment de sa vie, il eut même un peu de regrets parfois, à laisser ainsi son environnement habituel se morceler.

Il ne laissa pas le doute s'installer, et il revit le sourire de la jeune mère et l'âne qu'il avait vu faire mille cabrioles dans son pré, il revit son cheval fatigué à tirer une si lourde roulotte.

La comparaison était probante et il jeta un coussin pourtant bien confortable.

Mutin est reparti sur les routes, vaillamment comme son cheval, bien décidé à découvrir encore de nouvelles contrées et de nouveaux paysages.

Il est reparti avec ………comme quelque chose de plus…

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